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PsyCop #3: Corps et Âme (Body & Soul) French
Corps et âme by Jordan Castillo Price
Translated by: Terry Milien
Series: PsyCop #2
Length: Novel - 50,000 words
Cover artist: Jordan Castillo Price - see larger cover
1st electronic French edition
release date: August 19, 2015
$4.99
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le Sommaire
Thanksgiving n’a que trop duré pour Victor Bayne, qui trouve son séjour dans la famille de Jacob un peu difficile à avaler. Heureusement, il est convoqué au travail pour retrouver une personne très importante qui vient de disparaître.
Dans le même intervalle, Jacob tente de leur dégoter un logement qui ne soit infesté ni par des cafards ni par des fantômes. En plus du stress causé par ces recherches plus que frustrantes (à la fois sur le plan professionnel et personnel), Vic se voit assigné un nouvel équipier qui se croit semble-t-il incapable de faire quoi que ce soit correctement.
Son enquête prend soudain une étrange tournure lorsqu’un esprit avec un compte à régler les entraîne dans une course poursuite qui s’achève dans une cave pleine d’horreurs.
Série Psycop
Chapitre 1
— Tonton Jacob ? T’as pu tirer sur quelqu’un depuis l’été dernier ?
Le neveu de Jacob, Clayton, avait posé la question avec l’enthousiasme et la joie d’un enfant qui vient d’apprendre que les cours sont annulés. Clayton était en CM2. Je n’ai aucune idée de quel âge cela peut lui donner.
— Tu as tiré sur quelqu’un l’été dernier ? lui soufflai-je en lissant la serviette sur mes genoux.
À tel point que je devais sûrement avoir l’air d’être en train de me tripoter. Ce n’était pas exactement l’impression que je voulais laisser à la famille de Jacob pour notre premier Thanksgiving ensemble.
Les messes basses ? Ce n’était pas mon style habituel, mais je me sentais anormalement bavard. Il me semblait que dès qu’une pensée me venait à l’esprit, elle franchissait le barrage de mes cordes vocales et de mes lèvres avant que j’aie l’occasion de la ravaler et de m’assurer qu’elle ne mettrait personne mal à l’aise. Je subissais cela depuis que j’avais arrêté de prendre de l’Auracel et du Séconal, plus d’un mois auparavant. Moi qui pensais que je m’étais ramolli au cours de toutes ces années, alors qu’en fait, c’était juste l’effet des médocs.
— Non, répondit patiemment Jacob. J’évite de tirer sur les gens.
Puis il se tourna vers moi.
— Carolyn et moi sommes arrivés au beau milieu d’un vol à main armée à la supérette entre Californie et Irving. J’ai tiré droit dans sa jambe.
La politique départementale nous autorise en tant que policiers à choisir entre un tir mortel ou non lorsqu’un criminel tient un civil non-armé en ligne de mire. Si Jacob avait tiré dans la jambe de quelqu’un, je ne doutais pas un seul instant que c’était exactement là où il visait. Jacob est un Raide, la moitié non-psi d’un binôme PsyCop. En théorie, les Raides sont imperméables aux influences extrasensorielles et à la possession. Je ne peux pas m’en porter garant, mais en règle générale, ce sont de fins tireurs. Les Raides que je connais, en tout cas.
Moi, je suis l’autre moitié d’une équipe PsyCop, la partie Sujet Psi. Pas celle de Jacob ; non, c’est Carolyn Brinkman qui est l’autre moitié de Jacob, du moins sur le terrain. Je n’avais pas de Raide à moi, en ce moment. Maurice, mon premier coéquipier, avait pris sa retraite… bien que je continue à me reposer sur lui beaucoup trop. Lisa, ma deuxième coéquipière, s’était faite virer des forces de l’ordre lorsqu’ils avaient découvert qu’elle était aussi douée psychiquement que Jeane Dixon. Désormais, elle est partie se faire former pour être le Psy dans PsyCop, tout là-bas en Californie. Techniquement, elle n’est qu’à un coup de fil de moi, et pourtant parfois j’ai l’impression qu’elle est carrément sur une autre planète. Et même lorsqu’elle sera de retour parmi nous, je ne pourrai pas la récupérer comme partenaire, puisqu’ils n’assignent un Psy qu’avec un Raide.
Et puis il y a eu mon troisième coéquipier, Roger. Cet enfoiré m’a kidnappé pour des essais illicites de drogues, et je m’étais montré tellement crédule qu’avant ça je lui avais pratiquement offert la clé de mon appart. Roger croupissait en geôle, aux dernières nouvelles. Toute cette affaire était restée assez secrète. J’aurais peut-être pu choper quelques infos supplémentaires, si j’étais du genre à être obnubilé par les petits détails, comme par exemple l’endroit où mon ennemi juré a été incarcéré et s’il avait bel et bien répondu à l’appel des présences dans sa cellule récemment. Mais, franchement, je n’ai jamais trouvé réconfortante la connaissance de détails. Quand j’y réfléchis, je me sens accablé. Roger a disparu et moi je suis ressorti indemne de notre rencontre. C’est vraiment tout ce que j’ai besoin de savoir.
Six semaines plus tard, et j’étais toujours en congés maladie. Je me sentais bien, ce qui était sans doute dû à la grande quantité de véritables cellules sanguines en mouvement dans mon système au lieu des cocktails médicinaux auxquels j’étais habitué.
— T’as déjà tiré quelqu’un, toi ? me demanda Clayton, les yeux brillants.
— Évidemment.
— Ouah. Tu l’as tué ?
Clayton possédait les mêmes grands yeux sombres que Jacob. Et que la sœur cadette de Jacob, Barbara. Qui étaient d’ailleurs les yeux de leur père, ainsi que ceux de la vieille dame rabougrie qui présidait la table et qui devait avoir au moins cent cinq ans. Elle me fusillait d’un regard qui aurait probablement pu abattre un éléphant depuis que j’étais arrivé et que Jacob m’avait présenté comme son petit ami.
Je pense qu’il avait déjà préparé sa famille par téléphone. Mais il avait quand même fallu qu’il le dise haut et fort pour remuer le couteau dans la plaie. Parce que c’est tout Jacob, ça. Non pas qu’il amènerait un homme dans sa famille pour Thanksgiving dans un autre but que celui-là. Mais ça, c’est un autre sujet.
— Clayton Joseph, l’avertit Barbara d’un son sec.
Elle avait beau avoir les mêmes yeux que Jacob, elle était loin de lui arriver à la cheville pour ce qui était de garder son sang-froid.
— Ce n’est pas une question convenable quand on est à table.
Mamie Marks me fusilla du regard de sa place en bout de table, ses yeux sombres, à moitié cachés par les replis de sa peau ridée, menaçant de me percer de part en part. Je m’étais dit qu’elle me détestait parce que je faisais des cochonneries avec son petit-fils, mais peut-être que c’était contre les sujets psi qu’elle en avait. Ou les deux, par Dieu. J’ai toujours de la chance comme ça, en général.
— Bob Martinez a pris sa retraite à l’usine, annonça Jerry, le père de Jacob, dans une tentative flagrante de changer de sujet.
Si nous avions été à Chicago, où j’ai grandi, Jerry serait en train de parler d’une usine sidérurgique. Mais nous étions dans le Wisconsin, une terre extraterrestre pleine de collines et de vaches, pourvue de panneaux publicitaires annonçant quelque chose qu’ils appelaient « fromage en grains frais » tous les kilomètres ou presque. Je crus donc comprendre que les usines fabriquaient du papier dans ces terres étranges et sanitaires où Jacob avait vu le jour.
— Et toi, tu comptes penser à ta retraite quand, papa ? demanda Barbara.
Sa voix avait un très léger accent qui paraissait provenir du Minnesota d’après mon oreille profane. Je me demandai si Jacob avait jamais eu la même façon de parler comique. À une époque, sans doute, mais cela avait été effacé par le fait qu’il ait vécu plus de la moitié de sa vie à Chicago.
— Ton père peut facilement tenir dix ans encore, au moins, répondit Shirley, la mère de Jacob.
Shirley maintenait sa coiffure en forme d’auréole blanche et bouffante. Je la soupçonnais d’avoir été blonde dans sa jeunesse.
— Qu’est-ce qu’il ferait ici de toute façon, à part traîner dans mes pattes ?
— Votre mère joue à l’Euchre le mardi et le jeudi, répondit Jerry comme si sa retraite reposait sur un jeu de cartes.
— Tu as des hobbies aussi, lui dit Barbara. Tu pourrais remettre ton atelier en état et enfin terminer quelques-uns de tes projets.
— Ah, je préfère encore gagner une paie honnête que de rester à la maison à fabriquer des nichoirs.
— Et tu pourrais apprendre à Clayton tout ce qui touche au travail du bois.
— Il est trop jeune, répondit Jerry. Il finirait par y laisser un doigt.
— C’est débile, le bois, ajouta Clayton.
Était-ce une hérésie d’appeler le bois débile au pays des arbres et du papier ? Mamie ne tomba pas de sa chaise avec une main sur le cœur, aussi me dis-je que les enfants devaient être en droit de dire la première chose qui leur passait par la tête, ces temps-ci. Ou alors ça avait toujours été le cas. Je devais en être à ma troisième famille d’accueil à l’âge que Clayton avait aujourd’hui. J’étais en CM1, je pense, j’avais redoublé parce que j’étais lourd, têtu et socialement arriéré. Mais c’était également aux environs de cet âge-là également où j’avais appris que mon opinion n’était ni désirée ni appréciée.
Le son de grelots annonça l’ouverture de la porte d’entrée… en plus de l’énorme bourrasque de vent arctique accompagné du tourbillon de flocons de neige.
— Tonton Léon !
Clayton se rua hors de la table et se précipita vers la porte.
Je regardai la chaise vide en face de moi et lâchai un soupir de soulagement en mon for intérieur. J’avais espéré qu’elle avait été préparée pour une véritable personne, et non pas pour rendre hommage à papi Marks ou un autre membre de la famille défunt de longue date.
Léon apparut au coin de la salle à manger et Shirley se leva pour l’accueillir. Je jetai un coup d’œil au reste de la tablée pour voir si j’étais censé me lever également, mais Jacob et Jerry étaient toujours assis. Jerry était même en train de gober sa purée de patates comme s’il essayait de tous nous coiffer au poteau.
L’oncle Léon avait dans les soixante-cinq, soixante-dix ans et possédait les mêmes cheveux blancs et le même nez retroussé et arrondi que la mère de Jacob. Shirley l’embrassa sur la joue et déboutonna sa veste en velours côtelé à sa place.
— Jacob a amené son ami avec lui, dit-elle en me désignant. Je te présente Victor.
Elle lui retira son manteau et l’emporta avec elle tandis que Léon se retournait pour me serrer la main. Il me tendit la main gauche, ce qui me troubla. Son bras droit, à nu, pendait le long de son flanc, sa manche enroulée jusqu’à son épaule.
Je me levai à moitié et serra sa main gauche avec un air hébété.
Léon hocha la tête en direction de son épaule droite.
— Je l’ai perdu à l’usine en soixante-dix-huit. Cette saleté me fait encore mal.
Je cillai. La manche droite de Léon n’était pas enroulée. Elle était épinglée à l’épaule de sa chemise. Il n’avait plus de bras droit… en tout cas, pas un qui soit fait en chair et en os véritables. Mais moi, je pouvais voir son bras manquant. La fête avait enfin commencé pour de bon. Hourra.
— Oh, fis-je. C’est moche.
— Shirley m’a dit que t’es un PsyCop.
Je hochai la tête.
— Oui.
— C’est un sacré programme qu’ils ont mis en place, là-bas, dit-il.
Son bras fantôme joignit son bras physique pour l’aider à tirer la chaise en face de la mienne.
— Tu as quel genre de talent ?
Je m’appuyai contre mon dossier et avalai une bouchée de la dinde plutôt sèche que je mâchais en parlant depuis plusieurs minutes.
— Médium.
— Oh merde ?
Mamie se renfrogna davantage, mais Léon ne sembla pas le remarquer.
— Tu veux quelque chose à boire ? me demanda Shirley.
Je lui marmonnai que tout allait bien.
— Cette fille avec qui Jacob travaille, elle est télépathe, c’est ça ? Ouah, un médium. C’est pas de la blague ?
La main fantôme de Léon caressait l’argenterie pendant qu’il parlait. Je me demandai si j’avais l’air d’un timbré à reluquer sa fourchette à salade alors qu’il me causait.
— Dis-moi tout, tes impressions sont fortes ?
Je vidai mon verre de soda pour faire passer la dinde et regrettai de ne pas avoir laissé Shirley m’en verser un autre.
— Plutôt, oui.
— Et quoi, tu les entends te causer ? Avec de vrais mots ?
— Hein, hein.
— La vache, voilà ce que j’appelle un vrai psi. On a notre propre Marie Saint-Savon juste là, à notre table.
Cette bonne vieille Marie était morte à peu près au même moment où on me forçait à entrer à l’école de police. À son époque, elle était le médium le plus puissant au monde, et personne n’avait jamais approché de son talent. Je ne savais d’ailleurs pas pourquoi quiconque le voudrait. J’étais même surpris que Léon connaisse son nom, déjà. C’était peut-être un truc intergénérationnel. Elle avait fait sensass il y a cinquante ans, avant d’être rapidement oubliée par presque tout le monde en dehors de la communauté psychique.
— Ça doit rendre ton job un peu plus facile, dit Léon. Pas vrai ?
J’acquiesçai et avalai un peu de purée. Elle était tellement salée qu’elle parvint à stimuler mes glandes salivaires asséchées. Un peu.
— Seulement si tu t’occupes des homicides, intervint Jerry.
Le reste de la famille avait tourné autour du pot jusque-là, mais puisque Léon avait lancé les hostilités et que je ne semblais pas trouver le sujet trop sensible, mon pouvoir psychique était devenu une discussion idéale.
— C’est le cas.
— Putain de merde. J’ignorais qu’ils se servaient de médiums pour les homicides.
Mamie fusilla Léon du regard.
— Vous parlez de médiums du genre avec de vrais pouvoirs ? demanda Clayton.
— Hein, hein.
— Ouah, tu peux voir les morts ?
— Ça, c’est seulement dans les films, dit Barbara. C’est pareil pour les télékinésistes qui peuvent tirer des balles avec leur esprit.
Les métaux étaient incroyablement résistants à la télékinésie, mais pendant ma formation, j’avais connu un type capable de lancer des pierres avec une sacrée force. Il souffrait d’horribles maux de crâne par la suite, par contre, aussi n’était-il pas du genre à se la raconter en se donnant en spectacle.
— Je peux les voir, dis-je.
La tablée se mura dans le silence.
— Ouah, fit Clayton. Là maintenant tout de suite ?
J’évitai de regarder à l’endroit où le bras de Léon s’agitait sur la table.
— Il n’y a aucun esprit dans la maison que Victor puisse voir, expliqua Jacob.
Nous savions que tel était le cas puisque nous avions appelé Santa Barba pour demander à Lisa Gutierrez s’il y avait des fantômes dans la maison de Jerry et Shirley, et elle nous avait répondu que non. Lisa est préconsciente, et si elle répond non, c’est que la réponse est un non irrévocable.
Elle n’aurait pas pu savoir pour le bras de Léon, pas tant qu’on ne lui avait pas posé spécifiquement la question.
— Et quand tu les vois, continua Clayton, est-ce qu’ils sont effrayants et dégueu ?
— Parfois.
Tout le monde autour de la table sembla s’avancer vers moi un tantinet. Même Jacob.
— Tu veux voir au travers ?
— Parfois. Mais parfois ils ressemblent à de vraies gens.
Le visage de Léon était ouvert, enthousiaste, mais son membre fantôme serrait et desserrait le poing, et des gouttelettes rouge vif étaient apparues sur toute sa peau immatérielle comme s’il transpirait du sang. J’enfouis mon visage dans mon verre, le penchant pour faire atterrir l’ultime goutte de soda sur ma langue.
— Tu peux les toucher ? demanda Clayton qui baissa la voix en un murmure révérenciel.
Je déglutis pour forcer un bout de dinde qui s’était logé dans mon œsophage. Jacob fit glisser son verre dans ma direction, je le pris et le portai à mes lèvres. Il avait demandé du lait. Je retins de toute justesse un haut-le-cœur.
— Personne ne devrait vouloir toucher un fantôme, dis-je.
La maison tout entière, l’air lui-même, se tut. Tous se penchèrent encore en avant pour ne rien manquer des quelques miettes d’information que j’accepterais de leur divulguer. Car nous sommes une nation qui a grandi sous le joug de Lovecraft, Sleepy Hollow et Vendredi 13, et les gens meurent d’envie de savoir si toutes ces conneries sont réelles.
— Ils sont affreux, ajoutai-je.
Avant d’avaler un peu plus de lait.
— Et si tu parlais à tonton Jacob et à tonton Léon de la dissertation que tu as faite sur les salamandres ? suggéra Barbara à Clayton.
— Affreux comment ? insista Clayton.
— Clayton a eu un A-moins, ajouta Barbara.
— Affreux comment ?
— J’en sais rien, répondis-je.
J’avais commencé à repousser la nourriture sur mon assiette, mélangeant le maïs et les patates, ce qui les gâchait tous les deux.
— C’est pareil que ce à quoi ils ressemblent dans les films d’horreur, à peu de chose près.
— Comment oses-tu dire ça ? s’emporta Barbara.
À son ton soudain si véhément, j’en vins à me demander comment j’avais jamais pu la voir comme une pauvre mère célibataire malgré son cardigan jaune pâle et son pantalon kaki froissé à la perfection.
— Quand les gens meurent, ils vont au ciel.
Oh. Une Chrétienne. Jacob n’avait-il pas dit Catholique… mais n’était-ce pas du pareil au même ? Je ne m’en souvenais plus, je ne devais pas faire bien attention quand Jacob avait essayé de me préparer.
— Barbara, dit Jerry.
Son père n’avait pas préparé de discours à la suite, juste son prénom, prononcé sur le ton de l’avertissement.
— S’il dit qu’il voit des esprits, c’est qu’il les voit, dit Léon, sautant à ma défense en dépit du fait qu’il me mettait mal à l’aise.
Enfin, plus précisément, son bras droit.
— Ils passent des tests.
Il me regarda pour avoir confirmation.
— Pas vrais qu’ils vous font passer des tests ?
— Tout un tas de tests, dis-je.
J’ensevelis les vestiges de mon maïs.
— Et puisque tu les vois, ça fait de toi, quoi, un niveau trois ? Quatre ?
— Cinq, rectifiai-je.
Le niveau cinq était deux marches en dessous de cette bonne vieille Marie. Mais bon, Marie n’était qu’une marche en dessous de Dieu. Ou peut-être de Satan.
La tablée retrouva le silence une fois de plus.
— T’es millionnaire, alors ? demanda Clayton.
— Il est impoli de demander à quelqu’un à combien s’élève son salaire, dit Barbara.
Elle avait le même âge que moi, trente-huit ans. Elle avait les mêmes yeux foncés mais vifs et les mêmes pommettes hautes que Jacob, mais elle avait le même air d’abattement que je portais tout le temps. Plus encore maintenant que nous tentions d’avoir une conversation civilisée autour d’un repas.
— Ce n’est rien, assurai-je. Non, je ne suis pas millionnaire. Je gagne plus qu’un inspecteur normal, mais pas autant que mon superviseur.
— Et tu en dépenses autant que quelqu’un qui a connu la Grande Dépression, me lança Jacob à mi-voix.
Clayton fit une grimace. Je pouvais voir de la purée derrière ses dents.
— Tu devrais retrouver Al Capone et l’obliger à te dire où se trouve son butin.
Jerry et Léon éclatèrent de rire, mais à la façon dont leurs yeux ne me quittèrent pas, je compris qu’ils espéraient m’entendre dire que mettre la main sur Al Capone serait une formidable idée. Et que justement j’aurais besoin de deux assistants de plus de soixante-cinq ans.
— Il ne doit plus être parmi nous, dis-je. Il ne serait plus de première jeunesse.
Tout le monde ricana, à l’exception de Barbara, qui me prenait de toute évidence pour un suppôt de Satan. Et mamie, qui devait sans doute être en train de me jeter le mauvais œil. Et Clayton, qui ne pouvait pas comprendre mon manque de bon sens financier.
Léon tapa la table avec sa main droite dans son fou rire. Sa main spectrale imita l’autre, sauf qu’elle heurta la table avec beaucoup plus de force que sa contrepartie. Du sang fantomatique s’envola, éclaboussant la nappe blanche brodée de cornes d’abondance, de pèlerins aux yeux de biche et d’Indiens tout sourire.
Je fermai les yeux et tâchai d’imaginer une bulle de protection blanche autour du bras de Léon.
— Tu as trop chaud, mon chou ? me demanda Shirley. Tu veux que j’ouvre une fenêtre ?
J’étais sur le point de lui répondre de ne pas s’en donner la peine quand je me rendis compte que je pouvais sentir un début de transpiration le long de ma nuque.
— Oui, je veux bien, dis-je.
Je défis ma chemise en flanelle que je laissai se rouler en boule sur l’assise de ma chaise. J’étais heureux d’avoir pris le temps de trouver un tee-shirt sans trou ni tache.
Je pris une profonde inspiration et regardai à nouveau la main fantôme de Léon. Elle vacillait comme si elle était branchée sur un câble électrique. Comme cette grenouille, en cours de bio, qui bat des pattes quand vous lui mettez un coup de jus. Non, je n’étais pas absent ce jour-là. Et oui, j’avais gerbé. Moi et Janet Neiderman.
— Je reviens tout de suite, dis-je.
Je heurtai la chaise de Jacob avec la mienne en me précipitant pour atteindre les toilettes à l’étage. Il y avait une salle d’eau au rez-de-chaussée, mais j’étais convaincu que les autres n’avaient pas vraiment besoin de m’entendre dégobiller si je n’arrivais pas à reprendre le contrôle de mes nausées.
Pourquoi avais-je eu l’idiotie de repenser à cette saleté de grenouille ?
Je passai devant l’ancienne chambre de Jacob (devenue l’atelier de couture de Shirley) et failli bien me retrouver à faire du skateboard le long du couloir sur un tapis en lirette rose et bleu. Je me précipitai dans la salle de bains et refermai brusquement la porte derrière moi. Le verrou était à œillet, ce qui pourrait peut-être empêcher mamie d’entrer, voire Clayton s’il ne poussait pas trop fort sur la porte.
Je repris mon souffle et regardai autour de moi. La salle de bains était normale, si on peut dire, plus colorée que la mienne, avec des tournesols bleus et jaunes sur le rideau de douche qui ressemblaient presque à la bordure qui faisait le tour des murs peints, près du plafond, mais pas tout à fait. J’ouvris la porte-miroir de l’armoire à pharmacie dans l’espoir d’y trouver une jolie bouteille de sirop contre le rhume, ou pourquoi pas du Valium. Aucun des deux ne ferait disparaître complètement l’horrible bras fantôme de Léon, mais ils me rendraient beaucoup plus susceptible à m’en contrefoutre.
Le côté droit de l’armoire était entièrement rempli de parfums de vieilles dames, de crèmes pour le visage, de vernis à ongles et de mousse à cheveux. À gauche, des rasoirs en plastoc bon marché comme ceux dont je me sers, de l’aspirine, un vaporisateur pour les pieds, un stick de déodorant vert, des cotons-tiges, et des antihistaminiques.
Parmi tous les médocs à avoir jamais été inventés, les parents de Jacob étaient les heureux propriétaires des deux seules marques qui affectaient mon pouvoir encore moins que les antibiotiques.
Je fouillai leurs tiroirs dans l’espoir d’y dénicher un myorelaxant, voire même une boîte périmée de pilules contre le mal des transports. Je trouvai une pile de gants de toilette et un peu d’écran total. De l’écran total. Dans une petite ville du Wisconsin à la frontière du Minnesota où on voyait le soleil peut-être deux heures au total chaque hiver, et encore s’il perçait suffisamment entre les flocons de neige.
Je regardai sous le lavabo et y trouvai une paire de gants en caoutchouc et un tas de trucs pour nettoyer. Bon sang.
Je rouvris violemment les portes de l’armoire à pharmacie, espérant y trouver quelque chose que j’aurais loupé auparavant. Et c’est là que mes yeux tombèrent sur le dissolvant pour vernis.
Je retournai la bouteille et lus l’étiquette. L’acétone était le premier ingrédient. Et le séminaire intitulé « Inhalations, la mort silencieuse » auquel j’avais assisté quatorze ans plus tôt était aussi vif dans mon esprit que si je l’avais pris la veille.
Et moi qui pensais n’avoir rien appris à l’école de police.
Je n’étais pas un sniffeur, pas comme cette anorexique du Centre de santé mentale du Comté de Cook, l’établissement qui m’avait logé de mes dix-sept à mes vingt-trois ans et m’avait montré comment bien en avoir pour mon argent avec une canette d’antiadhésif culinaire ou un sac en plastique et un bocal de ciment de caoutchouc. Non, je ne prenais pas plaisir à détruire mes neurones de manière aléatoire, mais j’étais un pragmatiste. Ce bras n’allait pas décider de se barrer de lui-même. Et j’avais vraiment besoin qu’il arrête de me faire des signes si je voulais tenir jusqu’à la fin du dîner.
Je pourrais saturer une boulette de PQ et la maintenir sur ma bouche et mon nez, mais l’acétone ça schlingue, et résultat l’odeur me suivrait partout. Au lieu de ça, je posai la bouteille sur le bord du lavabo et y enfonçai l’une de mes narines, reniflant soigneusement dans l’espoir de griller les neurones spécifiques qui me permettaient de voir le foutu bras manquant et pris de spasmes de Léon sans pour autant que je sente pire qu’un salon de manucure chinois.
Je flottais un peu et j’avais commencé à ressentir un violent mal de tête juste au sommet du crâne quand quelqu’un vint prendre de mes nouvelles.
Heureusement, c’était Jacob.
Comme il n’avait pas besoin de savoir que je sniffais le dissolvant de sa mère, je rangeai la bouteille et m’aspergeai le visage avant de lui ouvrir la porte.
Il s’appuya contre le chambranle, absolument à croquer dans son chandail en tricot couleur chocolat qui s’accrochait à tous ses muscles comme s’il était seulement recouvert de peinture. Il croisa les bras et me lança son air le plus sincère de « tu peux me faire confiance », les yeux grands ouverts et une moue aux lèvres.
— Tout va bien ?
— C’est… euh. J’en sais rien.
— T’étais un peu pâle, à table.
Ce n’était pas vraiment surprenant que Jacob remarque quand je voyais quelque chose. Maurice Taylor, mon premier coéquipier, avait parfois pour habitude de me dire que je pouvais disparaître si je blanchissais encore plus, et ce n’était pas une blague sur mon appartenance ethnique.
Les yeux me brûlaient à cause de l’acétone que je venais de renifler, et j’appuyai avec mes doigts sur mes canaux lacrymaux pour essayer d’atténuer la douleur. Si je me frottais les yeux comme j’en mourrais d’envie, ils deviendraient tout rouges et j’aurais vraiment l’air d’un shooté.
— Ton oncle Léon a l’air d’être un chic type.
— Il l’est.
— Mais… je peux voir son bras.
Jacob entra dans la salle de bains et verrouilla la porte derrière lui. Il s’assit sur le rebord de la baignoire et prit l’une de mes mains entre les siennes, puis il attendit.
J’évitai son regard et fixai un carreau sur le sol qui avait été posé un peu de travers.
— Je fais vraiment tout ce que je peux pour être un petit ami convenable, dis-je. Mais je ne crois pas être fait pour ça.
— Arrête.
— Non, c’est vrai. Je ne sais pas comment maintenir une famille. Et à l’évidence, je suis incapable de fonctionner si je suis pas au moins un peu médicamenté.
— C’est quoi le sujet de la discussion ? demanda Jacob. Tu es en train de me larguer, ou t’essaies de me dire que tu veux te rendre aux Narcotiques anonymes ?
Mon cœur, qui battait déjà un peu trop vite à cause de l’acétone, émit un soubresaut douloureux lorsque Jacob prononça le verbe « larguer » à haute voix.
— Je veux dire, tu sais. Allez.
— Non, je sais pas. Qu’est-ce qui se passe ?
Bon Dieu. J’avais refermé les bras sur mon torse sans même m’en rendre compte. Vilaine habitude. Vilaine, vilaine habitude. Je m’obligeai à au moins essayer de me tenir normalement, mais j’avais l’impression que mes bras et mes jambes n’étaient pas attachés correctement.
— Je voulais juste… tu sais… être avec toi et ta famille pour l’occasion.
Jacob hocha lentement la tête.
— D’accord. Et c’est qu’on est en train de faire. Si tu as besoin de partir, je te fais confiance pour me le dire.
— J’ai pas envie de partir au beau milieu du dîner.
Je levai la tête, fixai un tournesol peint.
— Je pensais que la maison était une zone pure, dis-je.
— Et je n’avais aucune idée que le bras de Léon pouvait être qualifié dans la catégorie « fantômes ». Si tu ne veux pas y retourner, on peut te faire changer de place, dire que tu as besoin d’être assis près de la fenêtre.
— Je préfèrerais encore rester assis en face de Léon que d’être en face de Barbara, bras ou pas.
Jacob esquissa un sourire narquois.
— Je peux pas t’en vouloir.
Je repensai à ce foutu membre fantôme qui faisait des acrobaties en désyncro totale de ce que le visage et le langage corporel de Léon me laissaient comprendre.
— Ça va te paraître stupide, dis-je.
Affirmation dont je peux me servir comme préface pour tout ce qui sort de ma bouche.
— Mais je me demande si le bras savait que je pouvais le voir et si c’est pour ça qu’il se la jouait.
Stupide ou non, Jacob envisagea la possibilité.
— C’est peut-être un équivalent spirituel de l’intelligence cellulaire. Qui sait ? Si les membres amputés sont présents dans le monde des esprits, ça expliquerait pourquoi certaines personnes souffrent encore de membres perdus mais pas d’autres, ce serait pareil que lorsqu’un tas de neurones pètent un câble.
Pouvait-on exorciser le membre fantôme de quelqu’un ? C’était possible… ou en tout cas, ils pourraient en brouiller le signal avec des interférences électriques, une fois que les technologies des sciences psychiques auraient atteint le même niveau que les branches psychologie et biologie.
— Si seulement j’avais un peu d’Auracel, tout irait pour le mieux.
J’ai des ordonnances d’Auracel pour bloquer mes visions. En tout cas, j’en avais… jusqu’à ce que j’arrête de les prendre. Ce qui était pour le mieux, quand j’étais dans mon appart. Je suppose que j’avais commodément oublié l’existence du monde réel de l’autre côté de ma porte. Seules quelques pharmacies dans les grandes zones urbaines vendaient ce médoc, alors même si j’appelais La Clinique pour leur demander de m’en faxer une prescription, il y avait beaucoup de chance qu’on doive se taper la route jusqu’à Minneapolis pour obtenir le sésame.
Jacob se leva et retira un petit gobelet en carton de son support tout mignon accroché au mur, à côté de l’armoire à pharmacie, et le remplit d’eau du robinet.
— Combien ?
— Combien de quoi ?
— Combien d’Auracels ?
Je me rendis compte qu’il fouillait d’une main dans sa poche, et ce fut comme si les nuages s’étaient écartés et qu’un rayon de soleil venait de se poser sur lui.
— Tu en as sur toi ?
Il me sourit. Il a un sourire spécial rien que pour moi, qui parvient à la fois à me rassurer tout en me promettant qu’il me baiserait jusqu’à défoncer le matelas le moment venu.
— Je dois te l’avouer : je suis soulagé que c’est juste une histoire d’Auracel.
Il me tendit le gobelet.
— Combien t’en as ?
— Dix.
— Ouah. T’es bien préparé.
— J’étais chez les scouts.
— C’est effrayant. Et bandant. Les deux en même temps.
Jacob m’enfonça un cachet d’Auracel dans la bouche, et passa plusieurs fois le pouce sur mes lèvres après coup. Je me détournai pour avaler un peu d’eau. La pilule commencerait à faire effet dans un quart d’heure environ. Mon soulagement était plus grand que ma déception, mais d’un chouïa à peine.
— Je voulais vraiment y arriver sans les médocs.
— C’était ton idée, pas la mienne.
Ça, c’était injuste. Ma vie était parfaitement vivable jusqu’à ce que, soudain, je me retrouve avec un petit ami qui non seulement vivait chez moi, mais voulait en plus interagir avec moi, ce qui m’avait fait me rendre compte que j’étais presque toujours shooté. Ce sevrage était peut-être bel et bien mon idée, mais c’était pour Jacob que je l’avais fait.
— Parle-moi, dit-il.
— Un jour ou l’autre, tu finiras par réaliser que je vaux vraiment pas le coup.
— Hein, hein, fit-il avec un manque total de conviction.
Il retourna ma main pour poser un baiser sur ma paume poisseuse. Son bouc chatouilla la base de mon pouce.
Je sentais les premiers effets de l’Auracel arriver, une légère sécheresse au niveau de la langue et des picotements au bout des doigts qui n’étaient que plus intensifiés encore par la sensation de la bouche chaude de Jacob effleurant ma peau.
— Arrête ça, dis-je. Je ne vais pas redescendre avec la trique.
Je sentis le sourire narquois de Jacob contre ma paume, puis sa langue tracer ma ligne de vie.
— Je suis sérieux.
— Donc tu veux que je te suce dans la salle de bains de mes parents ?
Cochon. Cochon, cochon, cochon. Jacob est doué pour dire des trucs salaces, et j’adore ça. Ma queue s’éveilla quelque peu. Les promesses de l’Auracel me rendaient mou, cependant, et je possédais suffisamment de self-control (même quand un homme musclé et sexy est en train de s’exciter sur mon pouce) pour attendre jusque plus tard.
— Après le dîner.
Jacob relâcha ma main et souleva mon tee-shirt au-dessus de mon ventre. Il posa un baiser sur mon plexus solaire.
— Le dessert, dit-il en laissant son souffle réchauffer ma peau nue et arrachant un long tressaillement le long de ma colonne vertébrale.
— J’ai hâte d’y être.
Et moi qui m’attendais à une tarte aux citrouilles.
Jacob redescendit le premier, en promettant de dire à sa famille qu’il m’arrivait parfois de réagir à mes médicaments. Ce qui était techniquement vrai. Il ne dirait pas que j’avais eu une telle réaction autour de la table, après tout. Jacob sait parfaitement comment jouer sur le techniquement vrai. Sa coéquipière, Carolyn, est un détecteur de mensonges télépathique.
Tous les yeux se rivèrent sur moi lorsque je tentai de me rasseoir discrètement à la table. Jacob remplit mon verre d’orangeade et sa mère sortit mon assiette du micro-ondes et la reposa devant moi.
— Tout va bien ? demanda Jerry.
— Ça va, dis-je. Je vais bien.
— Y a rien d’mal à devoir prendre des pilules quand on en a besoin. Tu vois, moi aussi je dois prendre des antidouleurs pour mon bras, dit Léon. C’est dingue, non ? J’ai même plus de bras, et pourtant il me fait mal.
— Tu ne m’en as jamais parlé, dit Shirley.
— C’est vrai.
Léon retira une capsule de sa poche avec sa main corporelle, tandis que sa main fantomatique tressautait sur la nappe.
— Mon bras me fait des misères, aujourd’hui, dit-il. Je crois que je vais en prendre un tout de suite.
— Vous n’êtes pas obligé de faire ça juste pour me mettre à l’aise, dis-je.
Le bras fantomatique s’agita vers moi d’un geste dédaigneux.
— Bob, qui vit au bas de la rue, a perdu un pied en Corée, dit Jerry. Il le sent encore, lui aussi.
— Et les squelettes, alors ? me demanda Clayton. Tu peux voir les squelettes ?
— Les squelettes n’ont rien de surnaturel, lui dit Barbara. Ils sont dans le corps de tout le monde. On en a chacun un.
— Mais j’ai regarda un film.
— Regardé, le corrigea Barbara.
— Et les zombies ? continua Clayton en l’ignorant. Ils sont réels, eux ?
— Non, dis-je. Quand un corps meurt, il est mort.
— Mais alors quand dans les hôpitaux ils prennent les trucs électriques avec des poignées et qu’ils crient « Dégagé » et qu’ils vous mettent une décharge…
Il sauta sur sa chaise comme s’il venait d’être frappé par un millier de volts.
— Et que la ligne sur la machine est toute plate mais que votre cœur recommence à battre ?
J’y réfléchis. Non pas que je fus inquiet de donner une réponse scientifiquement correcte à un gamin de CM2 ; je pensais surtout à l’électricité et au discours de l’expert paranormal le plus savant à ma connaissance qui disait que les fantômes étaient composés d’électrons.
— J’en sais rien, répondis-je. Peut-être que ces gens-là ne sont pas complètement morts et que les machines ne sont pas suffisamment précises pour le voir.
— Tu devrais aller voir comment ça se passe la prochaine fois que tu seras dans un hôpital, dit Clayton. Comme ça tu sauras.
— Je n’entre pas dans les hôpitaux, dis-je.
— Jamais ? Et si quelqu’un te tire dessus quand tu es en train de faire le flic ? Où tu irais dans ce cas ?
— J’ai un médecin… euh, particulier.
Tout le monde s’était à nouveau approché du bord de sa chaise. On aurait pu entendre une mouche voler.
Je soupirai intérieurement et décidai que je n’avais qu’à en parler, puisque tout le monde semblait avoir hâte de savoir, de toute façon. Même mamie.
— À vrai dire, je vois un panel de deux médecins et d’un psychiatre, maintenant, et ils doivent tous les trois être dans la pièce en même temps pour s’assurer que les deux autres ne font pas quelque chose qu’ils ne sont pas censés faire…
PsyCop English Ebooks
#1: Among the Living
What good is being a psychic detective if your murder victims aren't talking?
#1.1: Thaw
Cold hands, warm heart.
#2: Criss Cross
Mysterious messages from Lisa lead Vic on a wild ride.
#2.1 Striking Sparks
Andrew's got cold feet about his upcoming wedding. He figures a palm reading is just the ticket.
#2.2 Many Happy Returns
It's the holiday season at SaverPlus, and customers have become incredibly demanding.
#3: Body & Soul
Three missing people. No bodies. No ghosts. At least the case gets Vic out of an awkward family dinner.
#3.1: Stroke of Midnight
For a PsyCop, missing out on festivities to process a crime scene is all in a day's (or night's) work.
#4: Secrets
Is someone watching Vic's every move, or is he imagining things? Just because you're paranoid doesn't mean they're not out to get you.
#5: Camp Hell
Vic delves into his repressed memories of Camp Hell and dredges up more than he bargained for.
#6: GhosTV
Lisa's gone missing, and Vic and Jacob head to PsyTrain for some answers.
#7: Spook Squad
Victor has been avoiding the exorcism he owes the FPMP. Now it's time to pay up.
#0.1: Inside Out
(Takes place before Among the Living, but best to read it later) The first time Jacob saw Vic, he was covered in red.
#6.1: In the Dark
Halloween is supposed to be fun.